Le 26 août nous quittons Dawson. Un modeste ferry nous permet de gagner la « top on the world highway», une route de gravier, construite après la seconde guerre mondiale. Un épais brouillard nous laisse deviner le soleil et la Nature, qui commence à se dévoiler avec charme et volupté. Tous nos sens sont aux aguets, tendus par le désir de jouir pleinement de la vue des paysages caressés par de longs rubans vaporeux, qui ondulent en faisant durer cet instant magique et langoureux. Alors, jaillit brusquement une épaule dénudée de colline aux sapins dévorés par quelque feu ardent. Et, soudain, le soleil déchire les derniers voiles des reliefs généreux de ces étendues lascives, dont les vallons sont réchauffés par des rayons audacieux, pour faire exploser toute la sève des essences parfumées de ce paysage grandiose, qu’enfin notre désir exacerbé peut pénétrer avec délice. (Reprenez votre souffle c’est déjà fini !). Après deux bonnes heures de route nous atteignons Poker Creek, la douane américaine Passer cette frontière a quelque chose d’assez irréel. Il s’agit en effet d’une petite douane de montagne, fermée dès 18 h jusqu’à 9 h le matin, où passe une quinzaine de véhicules par jour. Cela n’empêche pas les formalités usuelles et le visa touristique à six dollars, pour trois mois, avec un magnifique timbre représentant un elk, que nous délivre un douanier très sympathique (eh oui !!! n’en déplaise à certaine(s) ou certain(s)). Il nous fera également la faveur de prévoir notre visa pour de multiples entrées, ce qui va nous rendre bien service pour la suite de notre voyage. “Welcome in Alaska and enjoy your trip!”. Nous poursuivons notre route, en passant par Chicken, où nous apercevons quelques chercheurs d’or des temps modernes et atteignons Tok en fin de soirée, où nous passerons la nuit dans un motel américain typique. Le lendemain nous reprenons la route pour revenir sur le Canada. Nous traversons alors une zone caractéristique de l’écorégion du plateau Klondike, bosquets d’épinettes rabougris, ponctués de bouleaux à papier. Cette région repose sur une couche de pergélisol et nombre de collines sont en fait des monticules de déblais gelés. Les nombreux lacs sont « thermostatiques », c’est à dire circulaires et créés par le dégel du pergélisol sou jacent ainsi que l’affaissement du sol. Les arbres qui bordent ces lacs en viennent à être engloutis progressivement, ce qui leur donnent cet aspect penché. Nous apercevons encore brièvement un loup ou un coyote et en soirée nous atteignons, après une assez longue étape, Haines-Junction. Le temps s’est assombri et mon moral suit. Je commence en effet à réaliser que je vais vraiment abandonner, pour un moment, ma vie de petit bourgeois besogneux, pour me transformer en touriste impénitent. Nom de Zeus c’est surprenant et déroutant ! Geneviève quant à elle semble surfer sur la vague, sans trop de difficulté, si ce n’est de supporter mes humeurs changeantes.
Le lendemain le temps s’est arrangé et nous pouvons ainsi partir pour faire l’ascension du Mont Sheep, randonnée qui nous permet aussi d’observer quelques troupeaux de chèvres sauvages blanches, qui se prélassent au soleil. En fin d’après-midi nous gagnons le petit aéroport du coin pour prendre un avion à quatre places, piloté par une très belle, jeune et sympathique pilote prénommée, Ursula, qui assure également la maintenance de l’appareil, le plein, le guichet, l’accueil et les formalités d’usage. Notre vol dure une heure et demie et survolons les immenses champs de glace du Yukon, le « Kluane Ice Field », classé patrimoine mondial par l’Unesco, son étendue représente plus de la moitié de la Suisse. Nous découvrons ainsi des sommets vertigineux comme le Logan, (5'959 mètres) et bien d’autres encore, avec un superbe couché de soleil. Magnifique « and dramatic » !!! Ce vol nous permet également de constater l’étendue des dégâts causés par un insecte destructeur (« beetle ») qui ronge peu à peu les arbres, qui finissent par sécher complètement. Les spécialistes attendent d’ailleurs le prochain incendie, qui détruira ces forêts pour qu’elles soient remplacées par d’autres essences, afin de poursuivre le cycle vital de ces contrées. C’est aussi l’occasion de prendre quelques photos intéressantes, tout en admirant le paysage magique qui défile sous nos yeux La journée suivante nous faisons l’ascension d’un glacier de roches « King Throne » (cimes de hauts pics escarpés, brisées en morceaux sous l’action du gel et dégel au cours des 8'000 dernières années). Toutefois un peu trop vertigineux pour mes pas hésitants et comme en plus il fait un froid de canard nous préférons redescendre vers le lac que nous longeons un moment. Le 30 août nous reprenons la direction de la frontière américaine pour nous rendre à Haines. Le paysage passe alors de la toundra aux aspects alpins et forestier. C’est aussi le domaine des aigles que nous apercevons très fréquemment le long de la route, dans les arbres, presqu’aussi nombreux que les « ravens » (gros corbeaux mythiques pour les natifs). Le soir on nous conseille un endroit pour observer les ours en train de se nourrir de saumons. Il ya alors tellement de voitures au rendez-vous que nous rebroussons chemin, un peu déçus. Cependant au détour de la route, sur la plage, nous apercevons un superbe grizzly en train de chercher quelque nourriture, faisant la nique à tous les péquins, qui continuent à circuler bruyamment sur le bord de la rivière. A Haines nous visitons encore le musée consacré au « bald eagle » (cf site, mentionné dans les liens) et prenons le ferry pour Skagway, ville assez artificielle, qui se vide et se rempli en fonction des gigantesques bateaux de croisières pour l’Alaska, à raison de 1'500 à 3000 personnes par navire, qui débarquent à l’assaut des magasins (jeweleries and gifts shops). Nous quittons cette localité le 1er septembre, jour anniversaire de Geneviève, pour repasser la frontière canadienne et gagner Carcross (Caribous Crossing) et Atlin en BC, petite cité de 1'500 habitants, au bord d’un lac magique entouré de montagnes, dont les sommets sont déjà saupoudrés de neige fraiche. Le soir dans le motel du coin Geneviève souhaite absolument préparer un super menu de fête, que nous mangerons dans notre chambre : salade, avec dressing oriental, dans un demi pamplemousse évidé, sardines à l’huile d’olive, bleu de Bresse, seigle au sésame, salade de fruits et crème épaisse, le tout arrosé d’une bière sans alcool et un canada dry !!! Dans le B+B Quilts and Confort, que nous choisirons pour les deux jours suivants, nous faisons la connaissance d’un autre photographe, Dale Wilson, dont le site est également très intéressant et mentionné dans les liens. Nous ferons aussi l’ascension du mont Monarch, qui domine le lac, en empruntant un sentier dans une nature toujours aussi intacte.
Après Atlin nous passons encore par Teslin pour boucler, le 4 septembre, notre voyage, dans le Yukon et en Alaska, à Whitehorse, commencé le 28 juillet. Nous avons parcouru ainsi plus de 4'500 km et effectué de nombreuses excursions dans cette Nature sauvage, authentique et grandiose.
Notre prochaine étape, le 9 septembre, sera Calgary, où nous débuterons un autre périple, avec une assez longue incursion aux USA, qui se terminera le 15 octobre, en regagnant Vancouver. Pour la suite du blog, je vais tenter tout d’abord de vous présenter un album de quelques photos choisies, qui seront un peu plus accessibles que celles qui accompagnaient le blog et je réfléchi aussi à une autre présentation du récit, qui me semble parfois un peu trop long et fastidieux. Si vous avez aussi des suggestions ou remarques n’hésitez pas à nous les soumettre par des commentaires et recommandons également, à ceux qui ne l’auraient pas encore fait, de s’inscrire à la newsletter, ainsi vous aurez l’avantage d’être avisés quand un nouvel article est sur le blog et le privilège de recevoir de temps en temps une newsletter de notre part. A suivre….donc….