Au réveil le temps est toujours au beau. Notre première tâche est de nourrir les chiens, après une toilette très sobre et avoir testé les WC pliables. Nous déjeunons et recevons notre lot de nourriture et de boisson pour la journée, soupe, thé, biscuits, chocolat, fruits secs etc… Il est en effet très important de se nourrir pour lutter contre le froid qui cependant n’est pas trop dur, pour le moment, en raison du beau temps. Après avoir démonté le camp et chargé le matériel, nous attelons les chiens impatients de repartir. Il faut tout d’abord leur passer le harnais, ce qui n’est pas toujours aisé, car entre les mouvements d’affection et ceux où ils se laissent faire, ce n’est pas évident. Parfois ils se retrouvent ligotés dans leur harnais mal placé et nous regardent un peu étonnés.
Quand nous démarrons il doit être environ midi. Nous prenons un sentier qui traverse rivière, lac et toundra. Nous pouvons également observer à un moment une équipe de prospecteurs avec leurs engins, pour la localisation de gaz, dont la région est très riche. En voulant prendre quelques photos, j’arrête mon attelage tout en demeurant sur le traineau. Seulement au moment de réaliser mon cliché, je me retrouve sur le cul, les chiens ayant décidé de redémarrer pour rattraper l’attelage de Judi. Lorsque nous rejoignons la route de glace, nous pouvons admirer les endroits où elle est absolument pure, de belle couleur bleue. Un peu plus loin nous devons faire une halte pour dégager les pattes des chiens de petits morceaux de glace qui peuvent les blesser.
Lorsque nous reprenons notre course, nous croisons quelques véhicules, dont de gros camions. La plupart ralentissent ou s’arrêtent pour prendre des photos. Judi est très fière de montrer ses attelages, ce qui est très rare sur cette route et faire le trajet jusqu’à Tuk encore plus rare. Nous avons même été photographiés et filmés par une équipe de cinéastes de la chaine américaine « history » en train de réaliser une série « Ice road truckers » que l’on peut d’ailleurs voir en partie sur internet. En chemin nous dépassons Olav en train de faire une petite sieste sur son sa moto neige. Olav a 66 ans, ingénieur en aéronautique, pilote ancien patron d’une petite compagnie d’avions, mesure bien 2m et a des mains trois fois plus grandes que les miennes. C’est une force de la nature. A côté de lui je suis un gringalet et Geneviève un petit nain. C’est un homme très calme, efficace, toujours attentif à notre sécurité, notre confort et qui veille au grain. C’est le compagnon de Judi (56 ans) depuis plus de 25 ans. A eux deux ils organisent le B and B et plusieurs autres entreprises. Ils sont très actifs et enthousiastes. Judi est une femme énergique qui adore ce qu’elle fait, notamment cette expédition avec nous.
Lors d'une pause pour donner le chicken aux chiens et nous restaurer un peu, nous sommes à une distance d’environ 300 mètres de la route de glace que nous apercevons. A un moment donné une camionnette s’arrête et un homme vient vers nous. Quand il nous rejoint je reconnais Doug, mon compagnon de voyage dans l’avion, qui nous a menés à Inuvik. Comme je lui avais parlé de notre expédition, il nous a déjà aperçus la veille, sans pouvoir s’arrêter et aujourd’hui il vient nous dire bonjour. Je suis très ému d’une telle attention. En discutant avec lui nous apprenons qu’il s’agit en fait d’un responsable pour la recherche d’énergies fossiles en arctique et Judi et Olav sont très intéressés par son activité. Quand il nous quitte, nous reprenons notre route et le temps est toujours au beau.
En fin d’après midi nous atteignons l’endroit choisi par Olav pour notre second campement. Il s’agit d’un petit lac bien à l’écart de la route de glace, un lac sans nom, dans un environnement spectaculaire. Nous camperons directement sur le lac. La première tâche d’Olav sera de faire un trou dans la glace pour l’eau. Elle est un peu jaune à cause des arbres qu’elle a engloutis, cependant délicieuse. Judi de son côté est allé couper du bois pour faire un feu directement sur la glace. Puis nous dressons les tentes, donnons à manger aux chiens et comme la soirée s’annonce encore belle, nous décidons de faire des croques monsieur grillés sur le feu. Ce qui est étonnant c’est que la glace fond à peine de quelques centimètres. Nous passons une magnifique soirée, tout comme mes deux chiens de tête Polar et Alaska, un mâle et une femelle très amoureux. Je les ai d’ailleurs photographiés à un instant de bonheur, destiné à assurer leur descendance.
La journée de termine par un magnifique couché de soleil sur la rivière Mac Kenzie complètement figée. Voir album de photos No 44. Prochain article : « le temps se gâte, troisième et quatrième journée »