Vivre pendant une semaine en pleine nature sauvage avec la température entre -20 et -40 degrés, en cas de blizzard, c'est pas très chaud, comme disent les yukonais !
C'est ainsi que le 8 mars nous retrouvons Whitehorse dans le Yukon avec un avion de la compagnie Air North. Ce vol régional à plus de deux heures de Vancouver reflète un peu l'ambiance du train Genève La Chaud-de-Fond en hiver ! Nous sommes accueillis par un représentant de l'organisation Sky High, qui nous conduit dans un magasin spécialisé pour quelques achats stratégiques, tels que lampe frontale, cagoule et petits gants de travail jetables pour s'occuper des chiens. Nous nous dirigeons ensuite vers la première cabane à Sky Valley Ranch à environ 20 km de Whitehorse. A notre arrivée nous prenons possession de notre équipement pour le froid, veste polaire, pantalon et bottes, du matériel bien plus efficace que nos anoraks de ski en gortex. Puis nous faisons la connaissance de notre guide musher québécois, Pierre Fournier, 43 ans, installé au Yukon depuis une quinzaine d'années, qui nous initie au matériel et nous apprend quelques rudiments essentiels pour se familiariser avec le traîneau et s'occuper des chiens (il en possède une cinquantaine) à qui nous donnons également à manger. Le soir nous prenons le repas avec d'autres convives et commençons rapidement à nous habituer à vivre en cabane, sans eau courante, ni électricité et avec les wc à l'extérieur. Notre équipe pour ce séjour est encore composée de deux jeunes australiennes, Sian et Loretta.
Le lendemain matin après avoir donné tout d'abord à manger aux chiens, nous prenons un plantureux petit déjeuner avant de préparer nos attelages de cinq chiens, pour une première randonnée d'environ 38 km. Une fois prêts c'est un véritable concert d'aboiements enthousiastes, qui recommencera avant chaque départ pour manifester le plaisir d'une nouvelle course dans cette nature grandiose. Nos premiers kilomètres ne sont pas trop difficiles, nous longeons Fish Lake, sur environ 15 kilomètres, avant de nous engager sur un sentier forestier où la conduite devient très vite un peu plus chaotique et sportive. Il faut en effet apprendre à négocier les virages avec le poids du corps, les bras, sans lacher le guidon du traîneau, manier le tapis et le levier de frein, éviter les branches d'arbres, arrêter les chiens au bon moment et immobiliser tout l'attelage à l'aide d'un gros crochet qu'il faut planter dans la neige comme une ancre. Le paysage que nous découvrons est splendide, fascinant et nous rappelle nos randonnées de l'été. Nous faisons une halte casse croûte autour d'un feu et reprenons le chemin du retour. Avec cette première promenade, nous commençons à nous habituer assez rapidement aux chiens, au traîneau, à notre équipement, ainsi qu'à la température. Arrivés au Ranch nous nous occupons à nouveau de nos chiens en les libérant de leur harnais et les ramenant à leur propre emplacement, avant de leur servir le second repas de la journée, une heure plus tard, pour leur permettre de récupérer.
Au matin de notre deuxième journée nous ressentons déjà quelques courbatures naturelles, très vite oubliées, car il faut reprendre le même rythme que la veille, préparer les affaires à embarquer (boisson, nourriture, allumettes, métane etc), s'occuper des chiens et les préparer à une nouvelle étape de 40 km. Nous commençons à longer Fish Lake un court instant pour nous engager ensuite sur une colline. Le paysage est spectaculaire et assistons à plusieurs reprises à des envols de willow ptarmigan (lagopèdes) des perdrix des neige qui revêtent en hiver un magnifique plumage blanc immaculé avec le bout de queue noire, alors qu'elles sont de la couleur des feuillages dès la fin du printemps jusqu'en automne. Après une petite montée, pas trop difficile et un arrêt pique-nique, le temps aussi d'admirer deux aigles déjà de retour sur un nid, qui subsiste à la même place depuis plus de dix ans, nous nous engageons sur une descente qui nous apprend à mieux maitriser notre attelage. La vitesse des chiens peut atteindre 15 km/h même en descente. Aussi il est important de contrôler notre allure pour éviter que le traîneau ne rattrape les chiens, ce qui peut les stresser passablement, craignant de le recevoir sur eux. Ce qui est aussi impressionnant c'est de voir qu'ils sont également capables de faire leurs besoins naturels en pleine course, ce qui ne doit pas être très agréable pour eux, cependant ils s'en sortent très bien. Nous pénétrons ensuite dans une région de petits lacs, dont nous en traversons deux, Louise Lake et Jackson Lake, pour déboucher ensuite sur un large boulevard, ce qui me permet de prendre encore quelques photos avant de rejoindre notre camp de base pour une dernière nuit. Demain nous allons partir pour la cabane de Coal Lake, sans imaginer ce qui nous attend. Les quelques 8o km parcourus en deux jours nous paraitront en effet bien confortables et pépères !
A suivre... En attendant vous pouvez également visionner l'album de photos No 21 "Dog sledding, l'initiation".