Cette ville est fascinante ! Nous la découvrons le 22 août et y resterons jusqu’au 26. Elle se situe au bout d’une longue route, pour la plupart de tous ceux qui sont partis de Seattle (où nous sommes présentement le 6 octobre) aux cris de « Klondike Gold, Gold, Gold !!! Comme déjà précisé, je reviendrai sur cette épopée extraordinaire, dans un article particulier, lorsque nous serons à Vancouver. Dawson est construite sur le pergélisol, ce qui fait que les maisons ne sont pas excavées et que si l’isolation n’est pas faite correctement, le résultat est assez spectaculaire, comme le montre la photo. Avec la chaleur émanant du bâtiment, le pergélisol fond en partie et gonfle, ce qui fait que la structure prend alors une drôle d’allure. Sur la photo, j’ai bien tenté de la redresser mais n’y suis pas parvenu.
Durant l’hiver 1897-1898, cette ville a compté 30'000 habitants, alors que l’hiver précédent elle n’existait pratiquement pas, ce qui en a fait l’une des villes les plus importantes d’Amérique du Nord à l’époque. Aujourd’hui moins de 3'000 personnes y résident en permanence. Trois mois d’été et 9 mois d’hiver composent pratiquement les deux saisons principales, le printemps et l’automne durant une quinzaine de jours chacun. En plus le soleil ne se couche pratiquement plus en juin et juillet et il fait toujours nuit durant une certaine période de l’hiver, aux belles aurores boréales. En raison de ce climat assez rude, les routes ne sont pas asphaltées et restent en terre battue avec du gravier. Ainsi lorsqu’il pleut on patauge dans la boue et les voitures prennent une allure de véhicules de rallye. La plupart des anciennes maisons ont été restaurées et les nouvelles sont construites dans le même style, donnant ainsi à cette localité une assez belle unité architecturale et l’on s’y sent bien. Les habitants sont aussi très accueillants et pas encore trop envahis par les touristes. La visite commentée de la ville nous apprend également beaucoup de détails sur cette localité où je passerai bien personnellement tout un hiver pour vivre cette période, admirer les aurores boréales et ces paysages du nord, en les parcourant en traineaux tirés par des chiens et en soirée, lire quelques vers du poète de l’époque Robert Service. Nous nous rendons ensuite dans un endroit assez curieux et qui nous en apprend encore plus sur la recherche de l’or. En effet après les chercheurs individuels, les grandes sociétés d’exploitation ont très rapidement pris le relais, notamment dans le vallon du ruisseau historique Bonanza, en utilisant des dragues gigantesques pendant plus de soixante ans soit jusqu’en 1966. Celle que nous visitons (voir photos)
a été restaurée en 1990 et sortie du pergélisol dans le quel elle s’était enfoncée. Elle a en effet cessé de fonctionner lorsque la vase et la boue du ruisseau Bonanza l’ont engloutie. Ces fantastiques machines, qui dépassent l’imagination ordinaire, tirent leur origine de Chine au XVIIème siècle. Elles ont été améliorées et la Drague No 4 que nous découvrons est la plus grande drague à godets en ligne et à coque de bois de l’Amérique du Nord. Elle est aussi grande que les 2/3 d’un terrain de football, est haute de 8 étages et était alimentée avec de l’électricité provenant de la centrale hydroélectrique de l’entreprise, située sur la rivière Klondike à environ 48 km. Elle déployait une force de 920 chevaux-vapeurs durant le creusage et fonctionnait en moyenne 200 jours par année (fin avril, début mai) et 24h par jour. Comme ses sœurs, elle a creusé les vallées des champs aurifères en retirant ainsi des quantités d’or impressionnantes pour plusieurs millions de dollars. Le paysage en a été bien évidemment modifié passablement et ressemble aujourd’hui à de gigantesques serpents qui auraient avalé des tonnes de cailloux.
Les jours suivants, comme le temps n’est pas formidable, nous profitons de visiter le musée, la cabane du poète Robert Service, la maison consacrée à Jack London, qui a vécu dans la région pendant une période de sa vie et écrit certains de ses romans comme « the call of the wild », ainsi que le centre interprétatif des natifs. Le 26 août nous prenons la route pour la « highway top of the world » qui va nous conduire, pour la première fois du voyage, en Alaska, aux USA pour finir après bien des kilomètres à Whitehorse, le 4 septembre, notre point de départ. Ce sera le dernier épisode de notre périple au Yukon, commencé le 28 juillet et qui se terminera le 9 septembre en prenant l’avion pour Calgary, ayant parcouru plus de 4'500 km.