Mon dernier séjour au Canada, pour réaliser le tournage du documentaire que je coproduis avec la cinéaste québécoise Anne-Marie Tougas, s’est déroulé du 11 mars au 18 avril dernier. Voici donc quelques brèves nouvelles et photos de ce sympathique et passionnant périple, au delà du cercle arctique. Je suis tout d'abord arrivé à Montréal, le jour de mon anniversaire et la fête fut superbe, en compagnie de toute l’équipe du tournage et d’autres amis, dont certains vont aussi s’impliquer plus tard dans cette belle aventure.
Je vous présente donc, ci dessous, l'équipe québécoise du tournage, avec laquelle je suis parti dans le Grand Nord. A partir de la gauche, Anne-Marie Tougas, cinéaste et coproductrice, Edouard Faribault, preneur de son, votre serviteur et Isabelle de Blois, cameraman. Vous me direz que nous sommes toujours en train de manger et vous aurez raison. Mais c'est pour les calories afin d'affronter les rigueurs de l'arctique et aussi pour passer d'excellents et très joyeux instants de convivialité.
Après quelques jours consacrés aux derniers préparatifs, contacts et achats pour notre équipement et la nourriture, nous avons été louer le matériel du tournage. Isabelle l'a testé pendant qu'Anne-Marie s'occupait des derniers contacts et de la logistique.
Le tournage a débuté ensuite à Montréal, par les interviews de Suzanne Lalonde à l’Université de Montréal et celle de Bruno Tremblay à Mc Gill.
Le 24 mars nous nous sommes envolés pour Yellownife, capitale des Territoires du Nord Ouest, notre première étape, afin de rejoindre Inuvik à proximité de la Mer de Beaufort. Voici une carte pour vous repérer.
L’incontournable route de glace sur le fleuve Mackenzie, (l'une des plus longues et le plus au nord), demeure toujours un phénomène spectaculaire, qui illustre aussi la complicité qui peut exister entre l’homme et la nature.
Nous avons eu le privilège de rencontrer Nellie Cournoyea, Présidente de l’Inuvialuit Regional Corporation (IRC) et qui fut également la première femme à occuper la charge de premier ministre des Territoires du Nord. L’entretien qu’elle nous a accordé demeurera très présent dans nos esprits, pour une bonne compréhension de la région inuvialuite et de ses 3'800 ressortissants. Celle-ci bénéficie par ailleurs d’une quasi autonomie territoriale (à l'exception de la souveraineté internationale) depuis 1984, sur plus de 90'000 km2, dont 12'950 km2 de droits miniers.
Un ami, Christian Bucher, suisse d'origine et qui travaille au Canada depuis son plus jeune âge, grand connaisseur des Territoires du Nord Ouest et de l’âme inuite, nous a rejoint. Nous sommes photographiés avec lui devant la mosquée récemment construite à Inuvik.
Voici quelques autres photos d’ambiance dans cette localité qui, depuis mon premier voyage en 2006, semble prendre un essor considérable: prises de vues en ville, le commerce de fourrures, reflets, l'équipe en plein tournage, notre cabane à Inuvik et avec Olav d'Arctic Chalet où nous avons séjourné.
Le 31 mars, nous nous embarquons pour Sachs Harbour sur l’ile de Banks pour y passer une semaine, très riche en multiples et sympathiques rencontres. Les gens qui vivent dans cette localité constituent une communauté dynamique, qui aime par dessus tout sa contrée. L’île a une surface de 71'000 km2 environ et seulement une centaine d’habitants. Je ne me suis jamais senti aussi minuscule et insignifiant que dans ces grandes étendues.
Quelques photos du voyage et du village:
La population de Sachs Harbour, vit encore à 50% des ressources de la nature. Les gens pratiquent la chasse, la trappe et la pêche. Sur l'île de Banks vit la plus importante colonie de boeufs musqués, qui semblent sortis de la préhistoire, on parle de plus de 50'000. Les habitants, selon les spécialistes de la faune, doivent en tuer chaque année 6'000, pour éviter une prolifération qui pourrait nuire à l'équilibre de l'île. Ils n'y parviennent cependant pas, se limitant à 3'000 dans les bonnes années. Ils utilisent la viande ainsi que la peau, et la fameuse laine de muskoks, qui est utilisée pour tisser des vêtements de qualité et très chaud. La chasse à l'ours est également pratiquée selon un quota et réservée aux Inuit. Les ours polaires sont actuellement en bonne santé sur l'île et en augmentation. Les autochtones traitent et vendent les peaux, ce qui leur assure un revenu complémentaire. Il important de relever que pour les Inuit, toutes ces activités sont vitales et vouloir les leur interdire, revient à les condamner à quitter leurs terres, ce qui serait dramatique, car ils en sont les observateurs privilégiés et les gardiens.
Voici quelques portraits sympathiques:
Le froid nécessite certaines précautions pour le tournage.
Nous avons eu aussi l'immense privilège de rencontrer les enfants du village dans leur école et de nous entretenir avec eux.
Deux des autres entretiens:
Instants magiques sur la banquise.
Couchers de soleil sur Sachs.
Puis, c'est le départ de Sachs Harbour, avec notre embarquement dans le petit aéroport pour un vol de retour sur Inuvik, magnifique, au dessus de la banquise hivernale, où il nous a encore été accordé l'immense privilège de pouvoir admirer quelques ours polaires.
Voilà, de retour à Montréal après une escale à Inuvik et Edmonton, je suis encore resté quelques jours en terre québécoise pour revenir à Genève le 18 avril. Le 17 mai, Anne-Marie et Isabelle ont effectué le dernier entretien, que nous n'avions pas pu faire, avec Mary Simon, Présidente de l'Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), qui représente l'ensemble des communautés inuites du Canada. Elle fait aussi partie du conseil exécutif de la Conférence Circumpolaire. Ainsi, entre la première interview de Jean Malaurie, le 2 octobre 2010 et la dernière, nous aurons réussi à rassembler des témoignages essentiels qui viennent compléter tous ceux récoltés sur place avec des autochtones aussi accueillants que motivés par notre démarche de leur donner la parole.
Actuellement Anne-Marie, la cinéaste, travaille, avec France Dubey, au montage. En août prochain je vais les rejoindre à Montréal pour un premier aperçu et ensuite ce sera le travail de montage sonore, de la musique, de l'infographie et du mixage avec Roger. Nous pensons donc pouvoir présenter le documentaire, début octobre à Montréal et ensuite à Genève. Vous serez bien évidemment tenu au courant et nous nous réjouissons de vous revoir à cette occasion. A bientôt...