Nous sommes de retour à Genève depuis le 28 juin. Comme annoncé, je rédige donc ce dernier message de notre blog puisqu’il est temps maintenant de conclure cette expérience de communication, qui a été fascinante quoique parfois laborieuse. C’est aussi grâce à votre fidèle soutien et intérêt que cette belle aventure narrative est venue compléter toutes celles que nous avons vécues durant cette année. Vous avez été merveilleux, plus de 12'000 visites et 40'000 pages visionnées !
Je ne suis cependant pas encore en mesure de dresser le bilan de cette année exceptionnelle, comme certains me l’ont suggéré. C’est en effet encore un peu tôt car bon nombre de réactions, émotions, sensations sont encore à venir. En conséquence je vais vous livrer quelques réflexions, sans ordre particulier.
Tout d’abord notre retour s’est effectué avec beaucoup d’émotion à l’occasion des retrouvailles avec notre famille et les amis que nous avons déjà pu rencontrer. Avec ma sœur Christiane, nos enfants ont aussi bien œuvré pour préparer notre nouveau logement afin que nous puissions y trouver de quoi dormir, cuisiner et vivre avec l’essentiel. Pour ceux qui ne le savent pas, nous avons loué notre ancien appartement entièrement meublé. Et comme les locataires souhaitent rester plus longtemps que prévu, nous avons trouvé intéressante l’idée de poursuivre la location et stimulante celle de changer d’endroit. Notre nouvelle adresse est donc : 11, rue du Roveray 1207 Genève et le téléphone est toujours le même (+4122 786 41 45). De son côté ma mère a confectionné cinq albums avec les photos et cartes postales de nos déplacements que je lui adressais régulièrement, ce qui lui a aussi permis de nous suivre durant cette année. C’est donc assez extraordinaire de trouver les albums de photos déjà prêts en arrivant. Pour le surplus nous avons retrouvé nos activités respectives. J’ai repris la mienne au bureau, à plein temps et demeure assez surpris de la rapidité avec laquelle je me suis replongé dans les dossiers. Ce séjour en Amérique du Nord a répondu à la plupart de nos attentes, comme celle de découvrir d’autres horizons, la vraie nature sauvage, des contrées peu fréquentées, des cultures très riches, en avion, en voiture, en bus, à pieds, à vélo, à ski, en canoë, en kayak, tirés par des chiens de traineau ou encore en motoneige. Par ailleurs nos nombreuses randonnées en forêts humides ou boréales nos auront amené à constater que la Nature est indestructible, qu’elle s’en sort toujours, même après les pires catastrophes, en s’adaptant et se renouvelant de manière étonnante. Ce n’est donc pas tant elle qu’il faut plaindre de nos excès, mais bien plutôt l’homme, dont l’espèce pourrait disparaître, si nous continuons à vouloir prétendre la dominer et la dompter, sans la comprendre et dès lors la respecter. L’exemple des peuples aborigènes est d’ailleurs excellent car dans leur philosophie de vie, pour autant qu’ils aient pu conserver certaines de leurs valeurs, ils vivent en bonne et intelligente harmonie avec elle, comme nous pourrions le faire ou du moins nous en inspirer. Nous avons aussi rencontré des gens sympathiques et chaleureux, dont certains sont devenus des amis, en séjournant notamment quelques mois à Vancouver, ville qui a réussi à nous adopter, ainsi qu’à Montréal, pour une plus courte période. Et si nous avons fait ce voyage ensemble, Geneviève et moi, nous nous sommes aussi donné l’occasion d’aller parfois dans des directions différentes, au gré de nos désirs et attentes. Après plus de 34 ans de vie commune, des enfants en orbite, il était en effet temps de marquer à nouveau notre territoire pour nous permettre d’envisager l’avenir plus sereinement en respectant les aspirations et « tocs » de l’autre. Cette expérience nous aura aussi ouvert sur un monde en pleine mutation où l’Asie entend jouer un rôle majeur. On dit d’ailleurs que la ville de Vancouver sera à majorité chinoise d’ici dix ans ! Sur le plan personnel cela aura aussi été l’occasion de commencer à lâcher prise sur bon nombre de domaines, ce qui n’a pas été évident et de tout repos les six premiers mois. En effet, sans m’en rendre véritablement compte, j’avais activé de nombreuses défenses qui continuaient à rejeter toute idée de changement. Il a donc fallu beaucoup de perspicacité aux esprits favorables environnants pour me pénétrer, en repérant les voies que j’avais oublié de protéger. Je peux donc dire aujourd’hui que mon état d’esprit s’est enrichi d’une expérience qui ne peux que me procurer une nouvelle dynamique pour aborder la suite de ma vie privée et professionnelle notamment. Les priorités ont changé et je reviens aussi avec quelques projets personnels de travail sur bois et un autre matériau, en espérant trouver les bonnes dispositions pour les réaliser. Geneviève, comme vous pouvez aussi le deviner, a de son côté des projets artistiques passionnants qu’elle a hâte également de pouvoir concrétiser. Au plan professionnel, les nombreuses rencontres que j’ai faites cet hiver dernier m’auront offert la possibilité de percevoir d’autres modes de fonctionnement et d’élargir ma vision des problématiques liées à la gestion de patrimoines immobiliers, ainsi que la réalisation de projets de construction et d’acquisition de terrains. Par ailleurs la conférence mondiale sur l’urbanisme, organisée par les canadiens, en juin dernier, aura été pour moi très riche en informations et découvertes, comme celle notamment de la consultation populaire préalable à tout projet en Amérique du Nord. Aussi étonnant que cela puisse paraître, aux USA comme au Canada, avant toute démarche de planification urbanistique, les autorités locales ouvrent une très large consultation populaire pour connaître l’avis de la population concernée et rechercher des solutions à développement durable. Bien évidemment tout n’est pas résolu par ce type de démarches et les écueils demeurent aussi nombreux. Cependant cette ouverture d’esprit est assez remarquable et efficace. Ce qui est encore intéressant de relever, c’est l’un des slogans adopté à Vancouver et qui pourrait nous inspirer à Genève, notamment pour le projet de construction de la Praille Acacias : « faible densité est l’ennemi public No 1 de l’environnement ! ». Je m’en voudrai également de ne pas évoquer les jeux olympiques d’hiver 2010 à Vancouver. En effet en matière de développement durable une centaine de résolutions ont été adoptées et contrôlées par un groupe d’experts, dont j’ai pu rencontrer un membre, afin que toutes les infrastructures puissent être réutilisées, les matières et matériaux recyclés afin de diminuer au maximum les impacts négatifs d’une telle manifestation. Un effort particulier sera aussi réalisé pour impliquer les premières nations de la région qui devraient ainsi mieux se situer dans la société actuelle, tout en conservant leur authenticité et particularités. Tout ceci n’empêche pas, comme partout, les sceptiques et râleurs de service de se manifester. Cependant le dynamisme et l’enthousiasme ambiants l’emportent largement offrant ainsi des perspectives encourageantes et stimulantes. Quant à la conférence organisée par l’ONU sur l’urbanisme, j’avoue n’avoir pas pu tout décrypter bien que le contact avec les problèmes d’urbanisme en Afrique, notamment, m’auront ramené à une réalité que nous avons tendance à vouloir ignorer, préférant nous focaliser sur nos petits bobos et préoccupations. J’ai encore entendu un exposé remarquable de Stephen Lewis, envoyé spécial de l’ONU en Afrique, qui nous a passablement remués. Il a écrit un livre au sujet de ce continent, qui s’éloigne de plus en plus de nous, dont le titre demeure très évocateur : « Race against time ». Voici donc quelques premières réactions, émotions, sensations et comme vous le constaterez j’ai encore parlé de moi… ce qui ne signifie pas que Geneviève n’a rien à dire, bien au contraire. Seulement elle vous le dira à sa manière. Elle demeure cependant d’accord pour considérer que cette année, que nous avons eu beaucoup de chance de pouvoir réaliser, nous a énormément apporté. Si nous avions eu dix ans de moins nous aurions vraisemblablement été tenté de prolonger cette expérience pour vivre, travailler et continuer à découvrir ces contrées aux multiples facettes et perspectives enthousiasmantes. Enfin c’est aussi fantastique d’avoir été en mesure pour moi de concrétiser ce très vieux rêve de vivre ailleurs, durant toute une année, même si la préparation fut longue et parfois ardue. Maintenant la vie continue… Au plaisir de vous revoir et portez-vous bien !!!
PS Le blog reste encore ouvert et peut toujours être consulté pour celles et ceux qui le souhaitent. Les commentaires sont aussi les bienvenus.