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15 avril 2009 3 15 /04 /avril /2009 22:32


Toujours attiré par cette région magique de tous les défis, me voici donc de retour dans le Gd Nord pour la troisième fois. Parti de Genève le 14 mars, je me suis d’abord rendu à Montréal, avec ma sœur Christiane, pour rencontrer des amis et visiter un peu la ville. Après une journée et un repas mémorables à l’érablière Charbonneau et deux contacts pour mon projet, nous avons pris le train le 19 pour joindre, en quatre jours, Toronto à Vancouver. Quel plaisir de retrouver cette dernière ville et de la faire visiter aussi aisément que je le ferai pour Genève.

Puis le 27 je me suis envolé pour Inuvik, dans les Territoires du Nord (NWT), pour retrouver nos amis Judi et Olav, avec qui nous avions, l’an dernier Geneviève et moi, réalisé à la même période une expédition en chiens de traineaux d’Inuvik à Tuktoyaktuk, (voir articles précédents du blog). Le temps de m’acclimater à une température qui oscillait entre -35 et -15 degrés la journée et diverses démarches sur place, je me suis embarqué le 30 dans un petit avion pour joindre, non sans une certaine appréhension, ne sachant pas ce qui m’attendait, l’île de Banks, distante de 523 km au NE d’Inuvik, dans l’archipel arctique de l’ouest canadien.

Le vol qui dure deux bonnes heures m’a permis d’observer le phénomène de ces long couloirs d’eau non recouverts par les glaces (open water) en pleine mer de Beaufort, qui, par l’effet albédo, présentent une surface sombre aux rayonnements solaires, absorbant ainsi la chaleur, qui contribue à accélérer la fonte de la glace de chaque côté du couloir. Ce phénomène serait dû, d’après les explications qui m’ont été fournies par un spécialiste, à un régime de vents d’est, plus chauds, qui favorisent l’apparition de ces couloirs, alors qu’avec des vents d’ouest, ils se refermeraient.

L’île représente approximativement un peu moins de 2 fois la superficie de la Suisse, comprenant le parc national d’Aulavik, qui reçoit chaque année une vingtaine de visiteurs à peine. Nous atterrissons à Sachs Harbour, la seule localité de cette île qui compte seulement 150 habitants ! Jackie Kuptana, chez qui je vais habiter jusqu’au 2 avril, est là pour m’accueillir et me conduire dans le lodge qu’elle tient avec son époux. C’est un des très rares endroits de l’île qui héberge des visiteurs ou autres personnes ayant à faire à Sachs et il faut venir du continent avec ses subsistances, car seul le breakfast est assuré. La grande majorité de la population est inuit, Jackie est quant à elle originaire d’Afrique du Sud. Après m’être installé, je fais connaissance de Trévor Lucas, guide inuit, qui va m’emmener le lendemain à la découverte des muskoks, ces animaux qui remontent à la préhistoire. Nous discutons des conditions et nous donnons rendez-vous pour le lendemain à 10 heures. Nous partons ainsi en moto neige et parcourons environ 5 miles pour déboucher dans une vaste prairie immaculée où nous apercevons au loin quelques petites taches noirs. Le guide me dit alors d’attendre à cet endroit, pendant qu’il va rabattre avec sa moto neige une petite partie du troupeau sur moi, le plaçant entre nos deux engins, prêts au départ et vers lesquels nous demeurons par sécurité. Le moment est absolument magique de voir arriver ces animaux, que je m’apprête à photographier et filmer. Pas évident avec une température qui doit bien être inférieure à -30 degrés, ce d’autant plus que j’ai oublié de mettre les chaufferettes dans mes sous gants. Nous demeurons en observation durant une bonne demi-heure. Je suis très ému car j’ai toujours rêvé de pouvoir contempler ces animaux dans leur milieu naturel, qui constituent d’ailleurs la plus grande réserve au monde, plus de cinquante mille.

Ceux que nous contemplons se sont mis en cercle, épaule contre épaule pour faire face à l’ennemi et charger en cas de nécessité, ce qui constitue une position défensive suicidaire lorsqu’ils se trouvent devant des hommes armés. Au retour Trévor me montre l’endroit où ils tuent ces animaux, après les y avoir dirigés pour en récupérer la viande, la peau et la fameuse laine qui est utilisée pour faire des gants et autres vêtements qui sont vendus une fortune à New-York. Ils doivent en effet en supprimer six mille par an, selon les directives gouvernementales, car ils font énormément de dégâts sur l’île. L’année passée ils en ont tué seulement quatre mille Nous nous dirigeons ensuite vers sa maison en passant par la mer de Beaufort. Je fais connaissance de son neveu qui accepte de se faire photographier et filmer avec un magnifique sourire.

La faune de cette île est aussi particulièrement riche en caribous de Perry, loups, renards blancs de l’arctique, ours polaires, phoques, qui demeurent assez loin, ainsi que de nombreux oiseaux comme les lagopèdes, qui changent de couleur selon les saisons et les oies des neiges, qui viennent pondre leurs œufs à fin mai et dont la plupart seront détruits par les tempêtes, cependant comme cette espèce vit entre 26 à 30 ans, elles ont tout de même des chances de se reproduire.

Je souhaite également aborder brièvement un sujet, qui en Europe semble avoir complètement été détourné de l’essentiel. Il s’agit notamment de la protection des ours polaires, dans les territoires arctiques. Pour les inuit, il est en effet essentiel de pouvoir en poursuivre la chasse, comme pour d’autres espèces, selon les quotas qui leur sont attribués, car il s’agit d’une source essentielle pour leur survie dans ces régions, puisqu’ils ne peuvent rien retirer du sol. Par ailleurs lorsqu’ils pratiquent cette activité, comme d’autres, ils sont aussi les observateurs privilégiés du milieu naturel et participent de manière déterminante à la protection de cet environnement exceptionnel qu’ils connaissent mieux que quiconque. De plus ils occupent et possèdent en communauté des territoires, qui, s’ils en étaient absents, seraient alors certainement convoités par des personnes étrangères, uniquement motivées par d’autres préoccupations géo stratégiques, ainsi que l’exploitation des minerais ou autres énergies qui détériorent et causent d’énormes dégâts au milieu naturel. Sans parler de l’importance de sauvegarder une culture authentique, comme d’autres sur cette planète, pour ne pas perdre définitivement ce qui nous relie à notre Mère Nature. Il s’agit bien sûr d’un vaste débat que je ne prétends pas maitriser, mais que je souhaitais tout simplement présenter sous un autre jour, après ce voyage et les contacts que j’ai eus.

De retour au lodge je fais connaissance des autres pensionnaires, deux ouvriers spécialisés dans la construction, qui sont là pour plusieurs semaines à des conditions de salaire particulièrement avantageuses, ainsi que deux sympathiques jeunes femmes, respectivement de 22 et 29 ans, Jessica et Emy, dont la première est assistante dentaire et la seconde dentiste. Elles sont basées à Inuvik et se déplacent en avion pour faire 500 à 1'000 km, parfois dans des conditions extrêmes, pour soigner les gens qui vivent dans les localités éloignées, comme Sachs Harbour. Le lendemain, en allant découvrir la localité, je me rends au centre de Parcs Canada, pour plus d’informations sur la région, ce qui me permet de faire connaissance d’une descendante et sa fille de Vilhjalmur Stefanson, un fameux explorateur des années 1900, passablement contesté au Canada et qui a écrit de très nombreux ouvrages sur sa vie avec les inuit. De façon assez amusante la mère me précise que son ancêtre venait de Suisse, confondant notre pays avec l’Islande ! Le 2 avril je quitte l’île en fin d’après midi. Jackie Kuptana me mène au petit aérodrome, où elle se charge encore de l’enregistrement et c’est avec 6 autres passagers que je vais faire le vol retour sur Inuvik. Nous volons à basse altitude ce qui me donne tout le plaisir d’admirer quelques orignaux et une nature sauvage éclatante.

Arrivé à Inuvik, Judi m’explique que le B+B est complet et me propose de rejoindre en raquettes leur « out post cabin » à une heure de marche depuis la Dempster Highway. L’endroit est fantastique, complètement isolé et nous passons une excellente soirée et nuit. Le jour suivant sera consacré aux rétablissements, confortablement installé pour une nouvelle nuit à l’hôtel cette fois ci. Le 4 avril c’est la Fête du Muskrat, il fait assez froid (-25) et je vais filmer la course en chiens de traineaux ainsi que celle de skidoo. De la folie dans les deux cas. Les chiens, qui semblent assez féroces, sont des croisements pour favoriser la vitesse et les motos neige, des engins redoutables. Pour les chiens je vais pouvoir faire la différence car le jour d’après je filme, juché sur une remorque tirée par la moto neige d’Olav, le parcours habituel, ce qui me permet d’admirer ces huskies, pure race dans leurs élans.

Le 6 avril nous partons en expédition avec trois autres participants, Steve, un géo biologiste, reconnu pour ces travaux sur le pergélisol, Sarah Marie sa compagne, qui enseigne la survie dans le froid et Fred, un fonctionnaire des douanes canadiennes. Après une petite heure sur la route de glace, nous débarquons les cinq motos neige de la remorque pour parcourir 50 km environ, aller et retour, pour aller observer, dans une nature grandiose, un troupeau de plus de 2'000 rennes.











Ces animaux ont été amenés dans cette région pour la première fois en 1930, depuis l’Alaska, un voyage qui a pris cinq ans, pour combler la diminution du nombre de caribous et des problèmes de nourriture pour les autochtones. Nous demeurons sur place, avec le gardien du troupeau durant deux bonnes heures, ce qui m’offre tout le loisir de les observer avec beaucoup d’émotion, de les photographier et filmer.

Le lendemain je repars avec le sympathique couple pour faire 750 km environ sur la fameuse Dempster Highway et nous nous rendons jusqu’au cercle arctique, au sud d’Inuvik à quelques 370 km. Il s’agit d’une route spectaculaire, la plus haute géographiquement du Canada, qui relie Dawson City à Inuvik.

Enfin le 10 avril je m’envole à destination de Yellowknife, la capitale des Territoires du Nord et du diamant pour le Canada, 19'000 habitants, où je vais passer cinq jours pour un contact important en relation avec un projet, qui fera peut-être l'objet d'un prochain article. Et le 17 avril je vais rejoindre Geneviève et Elsa à Tokyo. Pour illustrer ce voyage, j’ai essayé de sélectionner quelques photos qui sont rassemblées dans l’album No 48, pour celles et ceux qui ont encore un peu de patience.

 

 

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17 mai 2008 6 17 /05 /mai /2008 21:38

L’Arctique est une région fascinante qui intrigue et subjugue par son immensité et les mystères qu’elle recèle. Son océan, le plus petit du globe, s’étend sur une surface de 13 millions de km2 environ avec une profondeur de 4'000 mètres par endroits. Il recouvre l’ensemble des mers situées entre le Pôle Nord, le nord de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique et communique avec l’Atlantique et le Pacifique. Aujourd’hui cette vaste étendue subit les conséquences du réchauffement deux fois plus vite que le reste de la planète. 

Carte Arctique

Depuis plusieurs siècles, avec Martin Frobischer, en 1576 et 1578, Henri Hudson en 1610, Sir John Franklin, entre 1819 et 1845 et Roald Amundsen, de 1903 à 1906, l’homme a tenté de forcer le passage du Nord Ouest pour joindre, par bateau, les deux océans durant l’été.

De plus le quart des réserves pétrolières et gazières mondiales, non encore découvertes, se trouvent en Arctique, notamment dans la région inuvialuite qui englobe la portion nord-ouest des Territoires du Nord-Ouest (NWT), région où je me suis rendu à deux reprises, en 2006 et 2008.

Carte des Territoires du Nord-Ouest

Sur le plan du climat, les scientifiques pensent que l’Arctique pourrait se réchauffer de 4 à 7 degrés, d’ici la fin du siècle, laissant libre de glace l’océan Arctique en été 2040 et faisant disparaitre la banquise d’ici 2100. Alors que selon les cycles naturels des changements climatiques, dus à l’orbite terrestre, nous devrions nous diriger vers un refroidissement, notre planète se réchauffe avec un effet accélérateur évident depuis l’ère industrielle et notre consommation boulimique d’énergie fossile pourrait doubler d’ici 2050 ! Pourrons-nous inverser cette tendance ? Probablement pas de manière assez drastique pour modifier le processus. Néanmoins la prise de conscience actuelle pourrait bien nous amener à corriger certains effets, pour nous permettre, comme la nature, de nous adapter, en attendant la prochaine ère glacière, prévue par les cycles de Milankovitch, d’ici 30'000 ans, sachant qu’il y a 6'000 ans la température de la terre était de 0,5 à 2 degrés supérieure par rapport au XXème siècle.

Ces prochaines années cette contrée va donc être confrontée à de nombreuses transformations et projets de développements, dont le plus important est certainement le passage du Nord-Ouest. Entre 1903 et 1906 Amundsen a mis trois ans pour relier les deux océans, alors qu’aujourd’hui il faut quinze jours ! Bientôt (on parle de 2015) il sera ainsi possible de connecter Londres à Tokyo par bateau, avec 15'930 km alors que par le canal de Panama la distance est de 23'300 km ou 21'200 km par celui de Suez, soit une différence de 7'000 à 5’000 km. Il n’en demeure pas moins que ce passage restera dangereux pour longtemps encore et qu’il sera indispensable d’introduire des règles très strictes pour éviter des catastrophes. A cet effet le Canada, concerné par la majeure partie de cet itinéraire, se doit de jouer un rôle important pour exercer un contrôle afin d’éviter que de vulgaires rafiots ou pilotes inexpérimentés mettent en péril l’environnement car les conséquences seraient alors dramatiques. A ce jour les nouvelles ne sont cependant pas très rassurantes car ce pays s’oppose à d’autres, comme les USA, la Russie et l’Union Européenne qui considèrent, selon les règles internationales de droit maritime, que le passage entre deux océans est ipso facto un passage en eaux internationales, donc soumis à des règles fort peu contraignantes et inadaptées à la situation. Il est donc urgent que les autorités canadiennes prennent conscience de cette responsabilité historique et fassent acte de souveraineté pour la sauvegarde des ressources naturelles et culturelles de ces régions et éviter des marées noires aux conséquences irrémédiables.

Image:Northwest passage.jpg

Iqaluit, capitale du Nunavut Gjoa Haven, hivernage d'Amundsen cliquez pour Cambridge Bay cliquez pour Resolute Bay cliquez pour Pond Inlet Ellesmere Island et le Pôle Nord Magnétique Roald Amundsen a été le premier à réussir le franchissement du Passage du Nord-Ouest entre 1903 et 1906 Willy de Roos a réussi la première traversée en une seule saison en 1976 la côte du Groenland se dégage plus rapidement des glaces que la côte canadienne à la fin du printemps Notre position actuelle - Cliquez pour notre journal de bord cliquez pour plus d'infos sur Tuktoaktuk L’autre axe de développement est représenté par le pétrole et également le gaz à découvrir et exploiter dans la région inuvialuit. Concernant cette dernière ressource énergétique, des compagnies comme Esso Impérial, Conoco Phillips, Shell Canada et Exon Mobile lorgnent les réserves de Taglu, Parson Lake et Niglink-gak dans le delta du Mackenzie (5,8 billions de pieds cubes de gaz). Ces quatre entreprises ont d’ailleurs le projet gigantesque d’un gazoduc commun de 1'250 km qui relierait le delta au réseau existant en Alberta et couterait 7,5 milliards de dollars. Des Inuits ont d’ailleurs formé l’Arboriginal Pipeline Group pour s’y associer malgré encore quelques oppositions.

Il faut encore mentionner de nombreux gisements de diamants dans les NWT et le Nunavut, ainsi que d’autres minerais tels qu’or, argent, cuivre, platine, nickel, zinc, plomb et fer. Cependant les coûts d’exploitation demeurent encore passablement élevés.

Tous ces changements vont certainement bouleverser cette région du globe et avoir des conséquences sur la biodiversité. Avec un climat plus chaud et l’exploitation de certaines ressources, l’Arctique va se transformer et le prix à payer sera lourd dans la mesure où il impliquera la disparition d’un écosystème unique sur la planète. Cependant, et c’est aussi le grand paradoxe nordique, il n’y aura pas que des aspects négatifs. En effet dans un climat plus chaud, l’Arctique pourrait s’enrichir de nombreuses espèces venues du sud et devenir, comme le golf du Saint-Laurent, un espace aux eaux prolifiques. Il faut donc éviter de verser dans un discours écologique étroit et considérer plutôt ces mutations et leurs conséquences sur la vie des habitants, notamment le peuple inuit, qui, encore primitif il y a une cinquantaine d’années, se retrouve directement propulsé dans l’ère informatique. Comme le relève Jean MALAURIE, célèbre ethnologue et géographe français, spécialiste du Grand Nord, « l’écologie, si elle n’a pas une dimension philosophique et sacrée, ce n’est rien d’autre qu’une rustine. »

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Nommé ambassadeur de bonne volonté par l’UNESCO pour les régions polaires arctiques cette personnalité a par ailleurs préconisé d’adopter une charte internationale pour la sauvegarde de l’Arctique. Pourquoi le Canada ne reprendrait-il pas cette idée, sous l’égide de l’ONU pour favoriser ainsi un meilleur échange entre les différents pays concernés et contribuer à l’adoption d’une réglementation adaptée et dynamique.

Alors que nous vivons en permanence dans l’idée de manque, ce qui nous pousse à produire, consommer, rivaliser et dominer toujours plus, la Nature nous offre un modèle équilibré de compétition où création, production et consommation suivent les cycles naturel de la vie.

Dans un prochain article je reviendrai sur notre récent séjour et expédition en chiens de traineaux pour vous tenir au courant de la suite de mes projets.

A bientôt !!!

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25 avril 2008 5 25 /04 /avril /2008 22:16

 

Les ressacs de la mer de Beaufort

 

Au matin du dernier jour nous retrouvons les chiens sous une légère couche de neige tombée durant la nuit. Ces bêtes sont assez extraordinaires car elles s’adaptent aux conditions de façon remarquable. Dès qu’elles se retrouvent attachées à la chaine, installée pour la nuit, elles comprennent assez rapidement qu’il va falloir passer la nuit et s’installent, après leur repas, en se recroquevillant le plus possible pour conserver leur chaleur. En règle générale ce type de chiens peut résister jusqu’à une température de -50C.

 

Le vent s’est un peu calmé et nous pouvons apprécier l’aspect grandiose de notre dernier campement sur la mer de Beaufort avant de le quitter. Auparavant, j’ai rejoint la rive pour gravir les dunes et bénéficier ainsi d’un aperçu du paysage depuis la terre ferme. Le spectacle est saisissant sous cette neige qui semble avoir réussi à figer le temps pour retrouver des jours meilleurs et oublier toute préoccupation. Après avoir démonté une dernière fois toutes nos installations, nous équipons les chiens pour un nouveau et dernier départ, laissant Olav charger le reste du matériel. Judi décide alors de rester sur la mer pour un moment et tente de diriger les chiens en leur donnant les ordres habituels « tchee » pour aller à droite et « tchaa » pour la gauche. Cependant nos valeureux compagnons semblent être désorientés et nous faisons de nombreux changements de direction sur une surface constituée de glace et vive et parfois de neige épaisse, soufflée par le vent. Lors d’un virage un peu trop serré je me retrouve éjecté et vais gouter la salinité des lieux. En fait plus peur que de mal et le mental fait le reste. Je houspille les cabots en les traitant d’oiseaux hideux et de faces de rats, ce qui ne semble pas du tout les affecter, sauf que cette fois-ci ils ont eu la bonté de se retourner pour voir ce qui se passait. J’ai comme l’impression qu’ils sourient ! Ceci étant le paysage est toujours aussi fascinant et irréel.
Nous rejoignons la route de glace pour les derniers kilomètres en passant devant quelques baraques en bois au lieu dit « Kittigazuit » qui est en fait un endroit où les autochtones chassent la baleine en été. Un peu plus loin Judi décide de reprendre la mer, alors que je continue pour ma part à suivre la moto neige d’Olav qui nous a rejoints. L’attelage de Geneviève vole vers Judi malgré des instructions contraires et un peu plus loin mes chiens attrapent le torticolis, ne sachant plus à qui obéir. C’est alors qu’Olav donne de la voix et prie Judi de rejoindre la troupe pour éviter une chienlit annoncée. La route en raison du mauvais temps est devenue plus étroite et les bas côtés sont rendus difficiles en raison des congères formées par le vent.
Puis nous apercevons Tuk et après quelques derniers virages sur la mer, nous rejoignons Tracy, l’employée de Judi et Olav, qui est arrivée avec la camionnette et la remorque pour les chiens. « We did it » et en sommes à la fois très heureux et fiers. Geneviève est quant à elle épuisée et très contente que notre périple se termine car elle n’a pas supporté la nourriture du dernier jour. Une fois les chiens embarqués et une dernière photo, nous allons faire un tour dans le village de Tuk et nous arrêtons à l'épicerie pour aller faire quelques achats dont des glaces ! Sauf pour Geneviève, toujours entre deux glaçons. Olav nous conduit encore aux endroits intéressants, en nous fournissant de nombreuses explications sur cette localité qui deviendra certainement dans un futur assez proche un lieu stratégique pour le futur passage du Nord Ouest, sur lequel je reviendrai dans le cadre d’un prochain article consacré à cette région, que les changements climatiques vont vraisemblablement modifier de manière significative.
En fin d’après midi nous reprenons la route pour Inuvik, environ trois heures pour faire les 185 km sur cette route fabuleuse. Après une bonne nuit de repos et une journée tranquille, nous allons faire un dernier repas sympathique offert par Judi et Olav, qui est retourné durant la journée à Tuk pour aller récupérer sa moto neige et la remorque (370km). Quant au temps il s’est très sérieusement adouci et la route de glace commence à fondre, ce qui est un peu trop tôt pour la saison.
Prochain article : « L’Arctique dans tous ses états ! ».
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15 avril 2008 2 15 /04 /avril /2008 00:00

 

La reconnaissez vous ?

 

Au matin du troisième jour le soleil nous salue encore un très bref instant. Après avoir donné à manger aux chiens et démonté le camp, le temps se gâte et lorsque nous repartons la température est descendue à -30C environ, en raison du vent. Afin de faciliter notre progression nous reprenons la route de glace. Durant toute la journée nous apprendrons à lutter contre le froid et protéger au mieux notre visage de sa morsure. Le paysage est devenu étrange et déroutant avec une visibilité réduite. Parfois nous ne nous voyons plus, ce qui rend un peu plus problématique notre cheminement. Cependant Judi reste très attentive et nous attend quand cela est nécessaire. Quant aux chiens ils poursuivent toujours la même allure et le vent ne semble pas trop les affecter.
C’est ainsi qu’après environ quatre heures de randonnée et presque 40 km, nous atteignons l’endroit choisi pour notre troisième campement. Nous dressons les tentes et procédons aux tâches habituelles qui nous sont devenues assez rapidement familières. Le mouvement nous réchauffe également, ce qui n'est pas à négliger. Lorsque nous allons nous coucher le vent est toujours plus fort et fait vibrer les toiles de tentes solidement arrimées et recouvertes de neige à la base pour assurer la stabilité. Ce qui est le plus astreignant et long c’est d’enlever les premières couches de vêtement pour nous installer dans les deux sacs de couchage. En effet il faut tout d’abord nous déchausser et mettre de côté ces énormes bottes, garanties pour une température de – 40C au moins. Ensuite il faut enlever le premier pantalon qui recouvre un second, pour rester finalement en collant. Quand aux couches du haut, entre cinq et six, nous en conservons généralement deux. Et le matin rebelote, il faut remettre le tout, sans rien oublier, dans un espace réduit où un mauvais mouvement pourrait bien éborgner l’autre. Quant aux odeurs, comme nous ne transpirons pas beaucoup ce n’est pas un vrai souci et en plus j’ai attrapé un rhume.
Au matin de la quatrième journée le temps est toujours aussi venteux et nous décidons d’attendre un peu que les conditions s’améliorent. Nous demeurons ainsi à l'abri dans la tente principale et en profitons pour avoir une discussion très intéressante sur la vie avec les autochtones, ce qui complète mon information sur le sujet et corrige également certains de mes clichés. Après trois bonnes heures d’attente, nous décidons cependant de lever le camp et poursuivre notre route. Démonter une tente par le vent est assez particulier, cela tient à la fois de la stratégie et de l'improvisation. Nous progressons assez lentement et passons un endroit nommé "Swimming Cross". Il s’agit d’un lieu sur la rivière Mac Kenzie qui permet aux caribous, rennes et autres animaux de la traverser pour se rendre à Richard Islands. La température est bien descendue à – 35C.
Dans la soirée nous approchons de notre dernier campement, directement sur la mer de Beaufort. Olav est de mauvaise humeur car il a renversé la remorque avec le matériel et devons la remettre d’aplomb. En plus Judi considère que l’endroit choisi n’est pas bon pour les chiens. Après s’être disputés et que Judi soit partie avec la moto neige pour tester un autre endroit, il est finalement décidé de choisir le lieu sélectionné par Olav. Ouf car dans une heure il va faire nuit et il faut encore monter les tentes dans un froid de canards et un vent capable de les déplumer. Geneviève et moi sommes assez fatigués et nous nous réjouissons de nous mettre un peu à l’abri. Olav décide alors de monter en premier notre tente, ce que nous apprécions vivement. Sur la mer de Beaufort la glace est différente d’aspect et c’est très impressionnant de se trouver dans un tel lieu. Lorsque nous avons terminé notre repas, il est passé minuit et nous ne demandons pas notre reste, très heureux d’aller nous coucher, alors que Judi et Olav devront encore s’occuper des chiens, la seule fois où nous ne leur aurons pas donné la main. Heureusement le lendemain matin le temps sera un peu plus clément.
Pour le surplus voir les albums de photos 45 et 46. Prochain article : « Tuktoyaktuk »

 

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13 avril 2008 7 13 /04 /avril /2008 14:50
Sur la route de glace

 

Au réveil le temps est toujours au beau. Notre première tâche est de nourrir les chiens, après une toilette très sobre et avoir testé les WC pliables. Nous déjeunons et recevons notre lot de nourriture et de boisson pour la journée, soupe, thé, biscuits, chocolat, fruits secs etc… Il est en effet très important de se nourrir pour lutter contre le froid qui cependant n’est pas trop dur, pour le moment, en raison du beau temps. Après avoir démonté le camp et chargé le matériel, nous attelons les chiens impatients de repartir. Il faut tout d’abord leur passer le harnais, ce qui n’est pas toujours aisé, car entre les mouvements d’affection et ceux où ils se laissent faire, ce n’est pas évident. Parfois ils se retrouvent ligotés dans leur harnais mal placé et nous regardent un peu étonnés.
Quand nous démarrons il doit être environ midi. Nous prenons un sentier qui traverse rivière, lac et toundra. Nous pouvons également observer à un moment une équipe de prospecteurs avec leurs engins, pour la localisation de gaz, dont la région est très riche. En voulant prendre quelques photos, j’arrête mon attelage tout en demeurant sur le traineau. Seulement au moment de réaliser mon cliché, je me retrouve sur le cul, les chiens ayant décidé de redémarrer pour rattraper l’attelage de Judi. Lorsque nous rejoignons la route de glace, nous pouvons admirer les endroits où elle est absolument pure, de belle couleur bleue. Un peu plus loin nous devons faire une halte pour dégager les pattes des chiens de petits morceaux de glace qui peuvent les blesser.
Lorsque nous reprenons notre course, nous croisons quelques véhicules, dont de gros camions. La plupart ralentissent ou s’arrêtent pour prendre des photos. Judi est très fière de montrer ses attelages, ce qui est très rare sur cette route et faire le trajet jusqu’à Tuk encore plus rare. Nous avons même été photographiés et filmés par une équipe de cinéastes de la chaine américaine « history » en train de réaliser une série « Ice road truckers » que l’on peut d’ailleurs voir en partie sur internet. En chemin nous dépassons Olav en train de faire une petite sieste sur son sa moto neige. Olav a 66 ans, ingénieur en aéronautique, pilote ancien patron d’une petite compagnie d’avions, mesure bien 2m et a des mains trois fois plus grandes que les miennes. C’est une force de la nature. A côté de lui je suis un gringalet et Geneviève un  petit nain. C’est un homme très calme, efficace, toujours attentif à notre sécurité, notre confort et qui veille au grain. C’est le compagnon de Judi (56 ans) depuis plus de 25 ans. A eux deux ils organisent le B and B et plusieurs autres entreprises. Ils sont très actifs et enthousiastes. Judi est une femme énergique qui adore ce qu’elle fait, notamment cette expédition avec nous.
Lors d'une pause pour donner le chicken aux chiens et nous restaurer un peu, nous sommes à une distance d’environ 300 mètres de la route de glace que nous apercevons. A un moment donné une camionnette s’arrête et un homme vient vers nous. Quand il nous rejoint je reconnais Doug, mon compagnon de voyage dans l’avion, qui nous a menés à Inuvik. Comme je lui avais parlé de notre expédition, il nous a déjà aperçus la veille, sans pouvoir s’arrêter et aujourd’hui il vient nous dire bonjour. Je suis très ému d’une telle attention. En discutant avec lui nous apprenons qu’il s’agit en fait d’un responsable pour la recherche d’énergies fossiles en arctique et Judi et Olav sont très intéressés par son activité. Quand il nous quitte, nous reprenons notre route et le temps est toujours au beau.
En fin d’après midi nous atteignons l’endroit choisi par Olav pour notre second campement. Il s’agit d’un petit lac bien à l’écart de la route de glace, un lac sans nom, dans un environnement spectaculaire. Nous camperons directement sur le lac. La première tâche d’Olav sera de faire un trou dans la glace pour l’eau. Elle est un peu jaune à cause des arbres qu’elle a engloutis, cependant délicieuse. Judi de son côté est allé couper du bois pour faire un feu directement sur la glace. Puis nous dressons les tentes, donnons à manger aux chiens et comme la soirée s’annonce encore belle, nous décidons de faire des croques monsieur grillés sur le feu. Ce qui est étonnant c’est que la glace fond à peine de quelques centimètres. Nous passons une magnifique soirée, tout comme mes deux chiens de tête Polar et Alaska, un mâle et une femelle très amoureux. Je les ai d’ailleurs photographiés à un instant de bonheur, destiné à assurer leur descendance.
La journée de termine par un magnifique couché de soleil sur la rivière Mac Kenzie complètement figée. Voir album de photos No 44. Prochain article : « le temps se gâte, troisième et quatrième journée »

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12 avril 2008 6 12 /04 /avril /2008 21:23
Geneviève observant le chargement

Ce dimanche 30 mars vers 10 h, je rejoins Olav pour l’aider. Visiblement il n’est pas encore prêt et bricole quelques affaires dont il pense encore avoir besoin. Il soude un support et met au point le troisième traineau, dont le tapis de frein vient de lâcher. Petit à petit notre expédition se met en place et vers 13 h nous nous mettons en route, après avoir chargé nos trois traineaux et attelé les 17 chiens. Olav nous précède avec la moto neige et la remorque pour le matériel. Nous atteignons le fleuve Mac Kenzie par de petits sentiers et devons attendre un peu car il y a une course de traineaux à l’occasion de la fête du Muskrat. En effet il faut à tout prix éviter de mettre en présence nos chiens avec les autres car il s’ensuivrait alors une belle bagarre. Nos bêtes sont de magnifiques chiens polaires, très bagarreurs alors qu’avec nous ils sont adorables, jamais agressifs et très affectueux. Durant cinq jours nous allons entretenir avec eux une très belle relation,  partagée entre les moments de caresses, d’encouragements et ceux où il faut parfois les gronder quand ils ont l’idée saugrenue de mordre les cordes pour certains ou faire les fous et provoquer un beau désordre suivi d’un nœud impressionnant avec les cordes de l’attelage.
Pour cette première journée, nous cheminons assez rapidement pour couvrir environ 45 km, avec un magnifique soleil et une température très agréable de – 12C. Le paysage est majestueux, envoutant et fascinant. Nous atteignons notre premier campement vers 21h. A relever au passage que durant les cinq jours de notre petite expédition, je ne me suis à aucun moment référé à ma montre. Nous achevons d’installer le camp déjà commencé par Olav, donnons à manger aux chiens, qui auront eu entre temps un morceau de chicken congelé, dévoré en quelques secondes. Le soleil se couche vers 22h à ce moment de l’année. L’endroit choisi, Renn Deer station est un lieu historique. En 1933, un ressortissant du nord de l’Europe a en effet fait venir, en cinq ans depuis l’Alaska, un troupeau de 5'000 rennes. Nos tentes sont installées directement sur la glace et nous assistons à un magnifique couché de soleil. Après le repas nous allons passer notre première nuit sous tente, une fois le fourneau réglé et dormons confortablement dans notre double sac de couchage.
Pour plus de détails, voir l’album de photos No 43. Prochain article : « Le soleil de l’arctique, deuxième journée »
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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 18:32
Qui a dit qu’elle n’avait pas froid aux yeux ?


Au contrôle de sécurité pour le départ à Inuvik, Geneviève doit se déchausser et passer une fouille complète de son sac à dos. Ce qui la fâche, cette fois-ci, c’est qu’ils n’ont rien remis en place correctement, si bien qu’elle se retrouve avec un sac absolument informe. L’avion de la compagnie Canadian North est complet et nous avons deux sièges séparés. Je fais la connaissance de Doug, qui travaille pour Geokimetics à Tuk. Il me donne quelques détails sur la recherche pétrolière. Je reviendrai sur le sujet ultérieurement. Première escale à Yellowknife, chef lieu des NWT, puis à Norman Wells, localité minière. Comme prévu, après cinq heures de voyage, nous atterrissons à Inuvik. Judi du B and B Arctic Chalet vient nous accueillir. Le temps est au beau et la température à -31C.
Après avoir emménagé dans notre cabine, nous allons faire quelques courses en empruntant la voiture, car nous sommes à environ deux à trois kilomètres de la petite ville d’Inuvik, qui compte 3’296 habitants, dont 60% de gens venus d’ailleurs, 25% d’inuvialuits et 15% de denes ou métis. 32,6% des résidents vivent de la chasse et de la pêche. La température moyenne annuelle est de -9,7C avec un minimum à -56,7C en hiver et un maximum de +31,7C en été. Ici la vie est très chère, 40% de plus qu’à Montréal. Connaissant déjà les lieux, Je fais le guide pour un petit tour et la découverte de la fameuse route de glace, qui relie Tuktoyaktuk et Aklavik, durant les mois de janvier à fin avril, sinon ces deux localités ne sont accessibles que par eau ou par air. La seule route qui relie le Yukon à Inuvik est la Dempster Highway, ouverte toute l'année, sauf tempête de neige à certains endroits critiques.
Puis nous nous équipons pour une petite randonnée sur la route de glace et faisons connaissance d’Olav, le mari de Judi, d’origine norvégienne, une véritable force de la nature qui prépare notre prochaine expédition en chiens de traineaux, en testant notamment la tente dans laquelle nous dormirons. Pour eux il s’agit d’une grande première, puisque c’est à mon initiative, en avril 2006, que j’en avais émis l’idée. Habituellement Judi organise des tours d’une à deux heures sur des sentiers balisés autour de la propriété, dans un magnifique décor d’épicéas et d’aspens. Ils se réjouissent, alors que nous, nous commençons à nous poser des questions ! Les jours suivants nous aurons l’occasion de voir une très belle aurore boréale, que je n’ai malheureusement pas réussi à prendre en photo et nous poursuivrons notre visite de la localité en assistant encore à une partie de la fête du Muskrat et en partageant un repas avec Christian Bucher, gestionnaire et conservateur des ressources naturelles et culturelles des parcs en arctique, qui nous a invité chez lui avec son fils Tysson. Christian, originaire du Locle, est un ami de Michel Cerutti que nous avons connu à Faro en 2005 et avec qui nous continuons à entretenir des contacts amicaux réguliers. Le dernier soir avant notre départ nous partagerons également un repas avec Judi et Olav au restaurant Eskimo Inn. Pour le surplus voir l'album de photos No 42. Dimanche 30 mars nous chargerons le matériel et prendrons le départ vers 13h pour notre périple en chiens de traineaux, de cinq jours, parcourant environ 200 km jusqu'à Tuktoyaktuk, Tuk pour les initiés. Prochain article: "Le départ pour Tuk ".

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10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 23:13

Voici enfin le premier article de ce second déplacement canadien, pour une durée d’un mois environ et avec pour programme un petit séjour à Edmonton et un autre à Inuvik dans les NWT, plus une petite expédition en chiens de traineaux jusqu’à Tuktoyaktuk au bord de la mer de Beaufort.
Ainsi donc le 18 mars, aux aurores, nous nous présentons à l’aéroport pour l’enregistrement. Une panne d’ordinateurs cause bien des soucis au personnel qui doit improviser sur des consoles provisoires. Nous réussissons cependant l’exploit de nous enregistrer juste à temps et nous précipitons pour passer le contrôle de sécurité. Geneviève se fait apostropher pour une histoire de boite de pommade et explique en vain comment les consignes doivent être appliquées selon elle. Demeuré à l’écart, en observateur, je saisis quelques commentaires après son passage : « Dis donc si t’avais vu les yeux de la nana avec sa pommade… ». Galant je lui rapporte ces propos en relevant qu’ils n’ont pas dit « la vieille », ce qui la rend très fière et encore plus sûre de son point de vue, ce qui n’étonnera personne.
Première escale à Zurich, calme et volupté, tout est serein, personne ne bronche, tip top. A part l’UBS rien à signaler, ça roule. Correspondance pour Toronto, puis Edmonton. Et vous n’allez pas me croire mais Geneviève se fait fouiller à nouveau, pourtant sans pommade et avec un regard aussi apaisant qu’une nonne bouddhiste. Je commence à être vexé de passer aussi inaperçu ! Lorsque nous arrivons à notre hôtel, cela fait 24 heures que nous voyageons avec en plus 7 heures de décalage horaire (8 h avec l’heure d’été ).
Le lendemain nous allons à la découverte de cette ville d’un million d’habitants avec sa banlieue, fondée en 1795 par la Compagnie de la Baie d’Hudson. En 1904, Edmonton est devenue la capitale de l’Alberta, au grand désespoir de sa proche voisine Calgary. En 1947, avec la découverte du pétrole, cette localité se développa encore et devint ainsi la « oil capital of Canada ». Aujourd’hui la situation économique est toujours florissante, limitant le chômage en dessous de 4%. Nous profiterons de notre séjour pour nous promener le long de la rivière Saskatchevan, encore partiellement gelée, visiter quelques galeries d’art contemporain, le Royal Alberta Museum, ainsi que l’Art Gallery of Alberta, où Geneviève réussira à entrer en contact avec une personne chargée des relations publiques, qui ira même visiter son site web sur le champ. Nous assisterons également, au Winspear Center of Music, à un magnifique concert, donné par le cœur Pro Cora, qui chantait du Rachmaninoff, « All Night Vigil ». Nous avons encore visité le gigantesque centre commercial de West Edmonton, qui a été le plus grand du monde il y a quelques années, le Telus World Science pour terminer par l’édifice de l’Assemblée législative. Pour celles et ceux que cela intéresse, il est toujours possible de faire un petit tour sur l'album de photos  No  41.

Puis le 25 mars c’est le départ pour Inuvik, notre prochaine étape et très prochain article. 

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